Il y a des gens assez insolites pour naître en province, s’y trouver bien et y enseigner les « lettres » toute leur vie. C’est le cas de Madeleine Coudray qui, à force d’avoir lu ou fait lire les autres, s’est vue envahie par des personnages qui ne demandaient qu’à naître, et à raconter eux-mêmes leur histoire. Cette romancière se libère sans doute ainsi de tel fantasme oublié, de tel démon soumis, ou de tel rêve avorté. En tout cas, elle a une façon tout à fait à elle d’introduire le suspense là où l’on ne l’y attend pas : dans la musique « Une femme d'ombre ou un langage de flammes », dans la géographie, quand le lieu appelle un roman, tels « L’homme qui marchait, La grande dune ou Esprit de famille » ou encore, dans le banal quotidien, avec « Rien que la haine, La mort à la une, et Dénouement avant l'aube ». Madeleine Coudray a le génie des intrigues bien ciselées, de l’effroi distillé, du suspense raffiné.